LES EPICES BRUTES

J’ai eu la chance de naître dans une malouinière, maison corsaire du XVIIIème siècle dans laquelle Robert Surcouf avait joué enfant. Les chants de marins, les récits du Cap Horn, des Terres Neuvas et des chasseurs d’épices de la Compagnie des Indes ont nourri toutes ces premières années. Puis la littérature maritime et d’aventures a continué à étancher ma soif de l’ailleurs et de la rencontre de l’autre.

Pour traduire cet esprit propre au pays de Saint-Malo, je me suis alors passionné pour ces épices déjà présentes dans les murs de la cité corsaire au XVIIème et XVIIIème, épices d’Orient et du Nouveau Monde. J’ai lu, relu et voyagé avec Jane aux quatre coins du globe en reprenant les routes des grandes familles d’armateurs malouins. Nous avons hanté les côtes d’Amérique du Sud, les Caraïbes, l’Océan Indien, les Mascareignes, les côtes Malabar, les Moluques, l’Asie du Sud-Est et la côte Africaine. Raconter l’histoire de l’Aventure maritime de ma Bretagne, tel était mon défi.

J’ai alors utilisé ces épices que je rapportais comme les autres navigateurs de ce pays ont pu le faire avant moi mais en me nourrissant de l’imaginaire qu’elles portent en elles. Un peu comme des graines d’un paradis perdu, d’un jardin d’Eden. Les occidentaux ne sont-ils pas d’ailleurs allés sur les mers à la recherche de ce paradis perdu ?

Depuis plus de trente ans, sur les routes maritimes des grands marins bretons, nous avons rencontré des hommes et des femmes que l’on dit « de peu » alors qu’ils sont « de tout ». Ils nous ont fait découvrir les différentes variétés botaniques de poivres et des épices inconnues, comme le Talauma, poivre sauvage du Vietnam. Ils nous ont appris comment reconnaître la qualité supérieure de chacune d’entre elles, de la vanille à la cardamome en passant par le curcuma et le cumin. Ils nous ont surtout transmis leur sagesse, inculqué leur équilibre, expliqué leur rapport aux autres. Ils nous éblouissent par leur humilité, leur grandeur, leur beauté et leur bonté. Nos principaux petits producteurs se trouvent en Inde (environ 130 petites fermes), au Cambodge et à Madagascar.

Nous avons choisi d’acheter la grande majorité de leurs épices au prix établi par FLO (Fair Trade Labelisation Organisation) afin de les aider à pouvoir mieux se développer. La grande majorité de nos épices sont issues de l’agriculture biologique ; elles ne sont jamais ionisées afin de préserver tous leurs principes actifs.